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Voir aussi au sujet de la géopolitique cubaine: Cuba 2012: enjeux et défis géopolitiques après les dernières réformes cubaines
Resumé
Reste-t-il savoir si autant le mythe et la réalité de la révolution cubaine pourront-t-ils se maintenir à flot dans cette nouvelle ère.
Dans un futur assez proche, le danger de mort pour « La Revolución cubana » semble plutôt venir du coté de la globalisation et sa révolution communicationnelle inhérente (bloggeur, Internet, etc) que de l´"impitoyable impérialisme américain" qui, maintenant avec le président Barack Obama au pouvoir, semble montrer un autre visage.
La fin de l´embargo et la libération des 5 "espions cubains", semble chaque fois plus proche, surtout aprés la libération de la part du gouvernement cubain de quasiment tous les prisionniers politiques du "printemps noir" qui eut lieu il y a presque dix ans en 2003. C´est ainsi que la consolidation de la « société civile cubaine» (regroupement de pouvoir en dehors de l´État Cubain) autant dans son sens "théorique et discursif" que dans son sens "pratique et matérialiste", semble représenter une des preuves irréfutables que quelque chose est entrain de changer au sein de l´île cubaine. Il est question de temps de changements, il est question de « Cuba face à l’abîme » selon les propres mots de l'actuel président cubain du Raúl Castro.
Ces avancées sociales, (exceptionnelles pour un pays du sud), légitiment-elles l’absence justement de ces libertés individuelles en question?
Il s´agit sans doute d’un véritable débat plus proches de la philosophie et des Sciences Politiques que de ce modeste texte.
Cuba, voit en effet apparaître en son sein de son système socio-politique, des éléments qui étaient encore inimaginables il y a une vingtaine d’années, tels la dollarisation, les entreprises mixtes, le tourisme, les coopératives agricoles, les travailleurs indépendants, l’arrivée des bloggeurs cubains, autorisation pour utiliser des téléphones portables payés depuis l'étranger, prochainement permission d´achat de voiture sou bien tout récemment, les dernières réformes du Congres du Parti Communiste Cubain (PCC).
Voir aussi au sujet de la géopolitique cubaine: Cuba 2012: enjeux et défis géopolitiques après les dernières réformes cubaines
Resumé
Reste-t-il savoir si autant le mythe et la réalité de la révolution cubaine pourront-t-ils se maintenir à flot dans cette nouvelle ère.
Dans un futur assez proche, le danger de mort pour « La Revolución cubana » semble plutôt venir du coté de la globalisation et sa révolution communicationnelle inhérente (bloggeur, Internet, etc) que de l´"impitoyable impérialisme américain" qui, maintenant avec le président Barack Obama au pouvoir, semble montrer un autre visage.
La fin de l´embargo et la libération des 5 "espions cubains", semble chaque fois plus proche, surtout aprés la libération de la part du gouvernement cubain de quasiment tous les prisionniers politiques du "printemps noir" qui eut lieu il y a presque dix ans en 2003. C´est ainsi que la consolidation de la « société civile cubaine» (regroupement de pouvoir en dehors de l´État Cubain) autant dans son sens "théorique et discursif" que dans son sens "pratique et matérialiste", semble représenter une des preuves irréfutables que quelque chose est entrain de changer au sein de l´île cubaine. Il est question de temps de changements, il est question de « Cuba face à l’abîme » selon les propres mots de l'actuel président cubain du Raúl Castro.
Géopolitique de Cuba XXI siècle: l'apparition de la société civile à Cuba
Les pros et les contres des politiques cubaines ainsi que du modus operandis de l´État Cubain ont historiquement toujours divisées les spécialistes en politique internationale de l’Amérique Latine. L’île de Cuba possède en effet un des niveaux les plus remarquables de la planète entière en ce qui concerne le secteur de l’éducation et de la santé.
Ceci, selon les détracteurs du régime cubain, au prix de certaines libertés individuelles (telle la liberté de presse ou bien concrètement la possibilité de manifester son désaccord de manière publique avec la politique officielle, etc.)
Ceci, selon les détracteurs du régime cubain, au prix de certaines libertés individuelles (telle la liberté de presse ou bien concrètement la possibilité de manifester son désaccord de manière publique avec la politique officielle, etc.)
Ces avancées sociales, (exceptionnelles pour un pays du sud), légitiment-elles l’absence justement de ces libertés individuelles en question?
Il s´agit sans doute d’un véritable débat plus proches de la philosophie et des Sciences Politiques que de ce modeste texte.
Cuba, voit en effet apparaître en son sein de son système socio-politique, des éléments qui étaient encore inimaginables il y a une vingtaine d’années, tels la dollarisation, les entreprises mixtes, le tourisme, les coopératives agricoles, les travailleurs indépendants, l’arrivée des bloggeurs cubains, autorisation pour utiliser des téléphones portables payés depuis l'étranger, prochainement permission d´achat de voiture sou bien tout récemment, les dernières réformes du Congres du Parti Communiste Cubain (PCC).
Le gouvernement insulaire se trouve dès lors dans l’obligation d’adapter son discours ainsi que l´orientation de sa politique à la réalité quotidienne et incontestable vécue par ses citoyens, ceci principalement dans le besoin de maintenir un certain degré de cohérence.
Notons que le renouvellement du discours politique partisan se fait très souvent en fonction des crises que traverse le parti (ce fut le cas du Partido Révolucionario Institucional mexicain (PRI) ou du Parti Socialiste français (P.S.) lors de sa défaite aux élections en 1992, etc.), dans la mesure où, pour les surmonter et assurer la continuité de sa participation dans le jeux politique, le dit parti doit passer par un processus de refondation.
Notons que le renouvellement du discours politique partisan se fait très souvent en fonction des crises que traverse le parti (ce fut le cas du Partido Révolucionario Institucional mexicain (PRI) ou du Parti Socialiste français (P.S.) lors de sa défaite aux élections en 1992, etc.), dans la mesure où, pour les surmonter et assurer la continuité de sa participation dans le jeux politique, le dit parti doit passer par un processus de refondation.
" Une refondation est aussi une recherche et un sauvetage de la crédibilité et de la légitimité perdue."
María del Pilar Diaz-Castañon, philosophe cubaine, constate en effet qu'à tout changement révolutionnaire3 correspond un langage qui lui est propre. Ainsi, la nouvelle réalité est rapidement codifiée en signes :
iL est clair qu´analyser les enjeux des transformations du discours et la réalité cubaine revient donc, d'une certaine manière, à rechercher le véritable moteur de sa société. Si l'évolution du discours est fondamentalement le produit d'une force qui plonge ses racines dans la base de la population, alors le socialisme cubain reste révolutionnaire. Si, par contre, ces transformations sont impulsées depuis le haut de la pyramide et qu’elles ne restent qu'une simple stratégie pour légitimer et faire perdurer une élite au pouvoir, alors le socialisme cubain aura définitivement perdu toute raison d'être.
Voir aussi au sujet de la géopolitique cubaine:
María del Pilar Diaz-Castañon, philosophe cubaine, constate en effet qu'à tout changement révolutionnaire3 correspond un langage qui lui est propre. Ainsi, la nouvelle réalité est rapidement codifiée en signes :
" Le langage, accomplissant sa fonction de désigner le réel, représente le véhicule qui rend objectif les faits de la convulsion social, offrant ainsi au participe, la possibilité de nommer les nouveaux événements dans lequel il est impliqué."
La théorie cubaine se voit donc, dans ce sens, dans l'obligation d'intégrer à son discours des éléments qui, jusqu’à présent, n’étaient jamais cités ou étaient juste désignés comme une partie intégrative d'une macrostructure personnifié sous le nom de capitalisme.
Aujourd'hui nous pouvons observer la présence, (l'intrusion?) au sein du discours cubain, de termes qui entrent a priori en contradiction avec les principes du socialisme, notamment celui de « société civile », qui nous intéresse ici. La définition de ce concept a beaucoup évolué : au 16ième siècle, la « société civile » est définie par opposition à la société naturelle. L’expression sert alors à désigner un ordre social organisé, supérieur, soit, en d’autres termes, une société civilisée et rationnelle. Le philosophe anglais John Locke5 inclue l’Etat dans sa définition de la société civile, tandis que pour Adam Smith elle représente tout ce qui est socialement construit. Pour Hegel c'est l'espace social situé entre la famille et l'Etat. Marx, quant à lui, la définie comme l'ensemble des relations sociales où les relations économiques conditionnent le reste (nous reviendrons plus tard sur cette définition dans le but de l'élargir). Plus récemment, Antonio Gramsci souligne qu’il existe deux réalités qui englobent les relations économiques: la société politique et la société civile. Cette dernière est, selon lui, constituée par les institutions qui agissent sur les individus et qui ont, entre autre, comme objectif de produire un consensus : l'école, les médias de communication massifs, les institutions religieuses, etc.
Aujourd'hui nous pouvons observer la présence, (l'intrusion?) au sein du discours cubain, de termes qui entrent a priori en contradiction avec les principes du socialisme, notamment celui de « société civile », qui nous intéresse ici. La définition de ce concept a beaucoup évolué : au 16ième siècle, la « société civile » est définie par opposition à la société naturelle. L’expression sert alors à désigner un ordre social organisé, supérieur, soit, en d’autres termes, une société civilisée et rationnelle. Le philosophe anglais John Locke5 inclue l’Etat dans sa définition de la société civile, tandis que pour Adam Smith elle représente tout ce qui est socialement construit. Pour Hegel c'est l'espace social situé entre la famille et l'Etat. Marx, quant à lui, la définie comme l'ensemble des relations sociales où les relations économiques conditionnent le reste (nous reviendrons plus tard sur cette définition dans le but de l'élargir). Plus récemment, Antonio Gramsci souligne qu’il existe deux réalités qui englobent les relations économiques: la société politique et la société civile. Cette dernière est, selon lui, constituée par les institutions qui agissent sur les individus et qui ont, entre autre, comme objectif de produire un consensus : l'école, les médias de communication massifs, les institutions religieuses, etc.
Avant la crise économique la plupart des intellectuels et dirigeants cubains considéraient le concept de société civile comme une séquelle du système capitaliste. Ils se limitèrent à l'étudier comme un des facteurs ayant favorisé l’effondrement du régime soviétique. Mais, à partir des années 1990, un véritable débat sur la société civile apparaît officieusement6. On commence à parler de l'existence d'une société civile cubaine qui pourrait jouer un rôle politique au niveau national. Cela signifie, entre autre chose, qu'une structure non étatique est en train de se développer et tente de se faire une place dans le jeu politique, où, jusqu'à présent, l’Etat apparaissait comme le seul acteur légitime. Il est incontestable qu'au-delà des diverses variantes que l'on peut donner au terme, la caractéristique principale de la société civile, sa raison d'être, est justement sa différentiation de la structure étatique.
La société est, par opposition à l'Etat, le moment de la particularité, celui dans lequel l'individu poursuit ses intérêts propres. Ainsi, la société civile est caractérisée par Hegel comme le lieu où se déploie le système de besoin7. Chacun adhère à son intérêt, mais en poursuivant ainsi la richesse privée, chacun contribue aussi à la richesse des nations. C'est la théorie de la main invisible dont Hegel trouve l'évocation chez Adam Smith8. Dans l’Etat moderne, la condition grégaire de l’être humain impose un ensemble de normes et formes de participation, directe et indirecte qui s’expriment à travers les organisations et associations officiellement reconnues, officieuses et autonomes. Nous entendons ici par société civile toutes ces formes normatives et modalités de participation.
Comment les intellectuels cubains expliquent-ils, d’une part, l'apparition du débat et, d’autre part, comment justifient-ils l'existence de ce phénomène au sein de la théorie socialiste cubaine. Quel est le rôle d'une société civile au sein d'un Etat socialiste, si ce n'est justement de miner l'absolutisme de ce dernier?
Le 27 mars 1996, pour la première fois depuis la prise de pouvoir en 1959, le Parti Communiste Cubain, à travers le quotidien Granma, déclare l’existence d’une société civile à Cuba. Cet article sert de première définition officielle de ce que doit être une société civile socialiste selon la conception officielle cubaine. Quelle signification faut-il donner à cette déclaration?
Afin d'approfondir cette question, il est nécessaire d'abord de signaler la spécificité de l’expérience cubaine ; cette utopie socialiste est en effet censée se trouver au pouvoir depuis presque un demi siècle et, de fait, elle n’entre en concurrence avec aucun autre parti politique. Notons en outre que la démocratie politique n’étant pas une priorité pour le gouvernement cubain, le discours politique qu’il développe ne répond pas à des attentes politiciennes, destinées à capter le vote de potentiel électeurs.
Lors de la chute de l’empire soviétique, la communauté internationale souligna l’importance du rôle joué par la société civile, or il faudra attendre sept années supplémentaires pour que Cuba se prononce à ce sujet. Quelles sont les raisons de ce retournement ? Doit-on simplement penser à une réaction à loi Helms Burton (approuvée la même année) qui, en plus de renforcer l'embargo, cherche à soutenir le développement de la société civile cubaine ?
Toujours en 1996, le gouvernement cubain réalise une sorte de nettoyage idéologique qui représente une coupure nette à une période de relatives libertés d'expression dans l'histoire de la Révolution. Une de ces mesures draconiennes fut la restructuration complète du Centro De Estudios sobre América (CEA) au sein duquel un groupe de chercheurs cubain (tous affiliés au Parti Communiste) commençait à s'interroger sur le développement d’une société civile cubaine. Ce bâillonnement d'un secteur intellectuel critique mais qui adhère au système politique cubain nous renvoie aussi directement à une réflexion sur le degré de cohérence entre ce discours officiel, qui prône l'existence d'une société civile socialiste, et ce présent cubain, où l'homme nouveau rêvé par le "Che" Guevara semble s'éteindre peu à peu.
iL est clair qu´analyser les enjeux des transformations du discours et la réalité cubaine revient donc, d'une certaine manière, à rechercher le véritable moteur de sa société. Si l'évolution du discours est fondamentalement le produit d'une force qui plonge ses racines dans la base de la population, alors le socialisme cubain reste révolutionnaire. Si, par contre, ces transformations sont impulsées depuis le haut de la pyramide et qu’elles ne restent qu'une simple stratégie pour légitimer et faire perdurer une élite au pouvoir, alors le socialisme cubain aura définitivement perdu toute raison d'être.
Voir aussi au sujet de la géopolitique cubaine: